Quatre "intrus", trois champions et l'Espagne en quarts

 
SEOUL, 18 juin (AFP) - Un petit air de mondialisation souffle sur la première Coupe du monde de football organisée en Asie où quatre "intrus" (Sénégal, Corée du sud, Turquie et Etats Unis) ont réussi à s'inviter pour les quarts de finale en compagnie de trois anciens champions du monde (Allemagne, Angleterre et Brésil) et de l'éternel outsider espagnol.

Les huitièmes de finale très ouverts, à l'exception de la confortable victoire anglaise, ont illustré la fin de la mainmise européenne et sud-américaine sur une compétition où l'on retrouve des représentants des cinq confédérations qualifiées (l'Océanie n'étant pas représentée) au stade des quarts de finale.

Les qualifications de la Corée du sud, au détriment de l'Italie, et du Sénégal, contre la Suède, confirment en effet le nivellement des valeurs et l'élargissement de l'élite qui caractérisent cette surprenante Coupe du monde.

Avec une moyenne de 2,63 buts et 68 minutes de jeu effectif par match, ce mondial se situe au niveau des meilleures éditions même si les problèmes d'arbitrage persistent. La main américaine dans la surface non sifflée alors que le match contre le Mexique pouvait encore basculer, le but valable refusé à la Belgique alors que le Brésil était malmené et l'exclusion de l'Italien Francesco Totti pour simulation alors que le ralenti démontrait la faute sont autant de décisions contestées qui plaident en faveur du recours à la vidéo, même si la Fédération internationale n'envisage pas d'ouvrir ce dossier. Au total, l'Italie pourra ainsi se plaindre de cinq buts refusés pour des hors-jeu "contestés" dans ce Mondial.

Les grands souffrent

Dans le jeu de la chasse aux favoris, une fois de plus l'Angleterre est l'exception qui confirme la règle. A leur main, sans forcer, en ménageant le métatarse de David Beckham, les hommes de Sven Goran Erickson se sont qualifiés facilement (3-0) aux dépens d'une équipe danoise méconnaissable qui avait pourtant éliminé les champions du monde en titre. En revanche, tous les autres favoris ont souffert.

L'Italie pensait pourtant avoir fait le plus difficile grâce au but de Christian Vieri dès la 18e. Mais à deux minutes de la fin, la défense de la Squadra Azzurra, privée de ses deux piliers Cannavero et Nesta, craquait sur une grossière erreur de Christian Panucci. Et à trois minutes de la fin de la prolongation, comme un symbole, Ahn Jung Hwan battait Paolo Maldini de la tête et envoyait l'Italie à la maison, comme avant elle la France, l'Argentine et le Portugal, notamment.

Même le Brésil a été longtemps à la peine contre la Belgique avant de trouver deux fois la solution grâce ses étonnantes individualités. Les Rivaldo, Ronaldo, qui a fait le pari de marquer au moins un but à chacun de ses matches, Ronaldinho et même Denilson ne sont pas sans faire penser aux Pelé, Tostao, Jairzino et Carlos Alberto de l'inoubliable équipe de 1970. Et justement, l'Angleterre et le Brésil se retrouveront en quarts de finale, 32 ans après la victoire brésilienne (1-0) en match de poule.

Mondial atypique

L'Allemagne, de son côté, est toujours là. Qualifiée de justesse pour le Mondial, privée de plusieurs titulaires blessés avant la publication de sa liste des 23 et de trois joueurs à vocation défensive suspendus avant le match contre le Paraguay (1-0), les Allemands ont assuré le service minimum.

Rudi Voeller balaie d'un revers des critiques dont il n'a cure avant son quart de finale inédit contre les Etats-Unis. Les hommes de Bruce Arena ont en effet complètement jugulé la créativité des Mexicains pour s'imposer sur deux contres rondement menés (2-0) et remporter ainsi leur premier match à élimination directe de leur histoire en phase finale.

Solides, en pleine condition physique, les Américains sont les derniers représentants du football de la CONCACAF qui a séduit tous les observateurs à cette Coupe du monde.

Pour sa part, l'Espagne a dû passer par l'éprouvante série des tirs au but pour venir à bout d'une tenace formation irlandaise. Heureusement pour le futur retraité Fernando Hierro, son coéquipier du Real Madrid, Iker Casillas, était toujours en état de grâce, sur sa lancée de la finale de la Ligue des champions. Pour espérer rejoindre dans l'histoire la génération de 1950, les Espagnols devront auparavant se frotter à une étonnante formation coréenne, portée par tout un pays.

L'autre co-organisateur, le Japon, n'a pas eu les ressources physiques pour revenir au score contre la Turquie qui a parfaitement su se défendre après le but rapide sur corner de Umit Davala. Leur quart de finale contre une étonnante formation sénégalaise, qui égale la meilleure performance africaine (Cameroun) pour sa première participation en sortant la Suède, pourtant sortie première du "groupe de la mort", s'inscrit en droite ligne d'un Mondial atypique où il ne fait pas bon d'être favoris.

Tableau de haut en bas des quarts de finale du Mondial 2002 de football disputés vendredi et samedi:
 
. Vendredi:
15h30 (06h30 GMT) à Shizuoka (Jap): Angleterre - Brésil
. Samedi:
20h30 (11h30 GMT) à Osaka (Jap): Sénégal - Turquie
 
. Vendredi:
20h30 (11h30 GMT) à Ulsan (CdS): Allemagne - Etats-Unis
. Samedi:
15h30 (06h30 GMT) à Gwangju (CdS): Espagne - Corée du Sud